mercredi 3 janvier 2007

3. L’AFFAIRE THOMSON-CSF

Le Lieutenant de Vaisseau de 1ère Classe (à la pension depuis le 1er janvier 1999) DEJARDIN n’est pas seulement marchand de mobilier, il est également un homme d’influence et de lobby à l’Etat-Major de la Marine et au Cabinet du Ministre FLAHAUT pour le compte de la multinationale française d’armement THOMSON-CSF.

DEJARDIN est un des agents commerciaux de « THOMSON-CSF » qui gravitent dans les couloirs de l’Etat-Major, dans ceux du Service Général des Achats et au Cabinet de la Défense, sinon dans les restaurants qu’ils fréquentent ensemble. C’est lui qui me reçoit sur le stand THOMSON-CSF à la foire du Bourget en mai 1999. C’est lui qui accompagne ses patrons français au déjeuner auquel je suis convié à cette occasion avec les officiers qui m’y accompagnent à la demande du Général-Major d’Avi HARDY .

DEJARDIN manipule pour THOMSON-CSF des dossiers de la Marine représentant plusieurs milliards de FB. Il opère directement avec des officiers de l’Etat-Major et avec le Cabinet de la Défense. Une opération systématique d’attribution de marchés en faveur de THOMSON-CSF est en cours en cette fin 1999 et en 2000, même si elle a ses racines en 1997-1998. Elle est orchestrée d’une part par e.a. VERHULST, GOESSAERT, BRAET,… à l’Etat-Major de la Marine et d’autre part e.a. MARSIA et SEUTIN, conseillers militaire et civil du Ministre FLAHAUT.

Nota bene : Le Colonel BAM Jean MARSIA est cet ami de Laurent de Belgique qui a présenté le projet "catalyseurs" à l'Inspecteur des Finances du Ministre wallon LEBRUN pour un montant de 70 millions de FB. Il est l'ancien trésorier de l'Ecole Royale Militaire qui gère le fonds des Chaires, dont celle du Professeur KALITVENTIEFF. C'est la gestion de ces chaires qui a donné lieu à une enquête du temps du Général CHARLIER....

En novembre 1999, j’ai soumis vainement le problème de la présence de DEJARDIN à la Chef de Cabinet Adjointe Katrien GEERNAERTS en présence du Général-Major d’Avi HARDY. A la suite de quoi, j’ai reçu l’ordre du Chef de Cabinet de FLAHAUT, le Général-Major Aviateur VAN KEIRSBILCK, de faire interdire DEJARDIN des locaux de la Marine pendant les réunions des commissions d’évaluation des offres !!! Je transmettrai cet ordre au Capitaine de Vaisseau Willy GOETHALS, Chef de l’Etat-Major, c’est-à-dire l’adjoint direct de VERHULST. GOETHALS fera exécuter cette instruction à un moment où DEJARDIN est précisément présent chez BRAET. DEJARDIN évoquera que sa présence s’explique par le fait qu’il est Officier de Réserve…

Le dossier concerné qui était en cours d’évaluation, en principe à huis clos, portait sur la modernisation des communications des frégates. Or, DEJARDIN avait présidé cette même commission l’année précédente, alors qu’il était encore en service… La Commission d’attribution avait désigné la firme RHODE & SCHWARTZ (R&S) en décembre 1998. L’arrivée de DEJARDIN chez THOMSON-CSF début 1999 a permis à cette firme d’introduire une procédure en annulation au Conseil d’Etat ‘argumentée’ avec la diligence de sa nouvelle recrue. Par conséquent la réintroduction d’offres fut rendue possible en 1999. R&S réintroduisit son ancienne offre au même prix et THOMSON-CSF une nouvelle offre, cette fois techniquement conforme et à un prix inférieur à son concurrent! THOMSON-CSF devait donc recevoir le marché fin 1999.

Madame GEERNAERTS ayant rappelé au Général-Major d’Avi HARDY qu’aucune règle légale de déontologie n’interdisait, en Belgique, ce genre de pratique de la part de THOMSON-CSF, la Marine, par contre, devait pouvoir faire preuve de rigueur en interdisant les pratiques qu’elle constatait. Comme la Marine confirma malgré tout son choix pour THOMSON-CSF, il ne me restait qu’à rédiger un dossier d’attribution à la signature du Ministre, en rappelant cependant la ‘fragilité’ de la décision que celui-ci avait à prendre. Le Chef de Cabinet, le Général Aviateur VAN KEIRSBILCK me rappela par téléphone – sur mon GSM - pour vérifier que la mesure d’exclusion à l’encontre de DEJARDIN avait été bien prise afin de rassurer le Ministre avant sa signature du dossier d’attribution à THOMSON-CSF.

DEJARDIN a très mal pris cette mesure et la rapporta à la THOMSON-CSF Belgique de qui il dépendait. Il y rapporta également mes démarches officielles demandées par HERTELEER et HARDY pour comprendre les « errances » systématiques rencontrées dans les dossiers des Marchés Publiques de la Marine. En effet, chaque dossier impliquaient systématiquement la dite multinationale.
L’information concernant cette démarche transita par la Loge Maçonnique (Colonel BAM Jean MARSIA → SEUTIN → Directeur de la THOMSON-CSF Belgique) à partir du Cabinet du Ministre. C’est ce Directeur qui me mit au courant de ce lien lors d’un dîner confidentiel à l’Auberge du Cheval Blanc à Woluwé-Saint-Lambert. Ce repas avait pour but de me rencontrer entre « humanistes » afin de m’éviter tout écueil dans mes relations de carrière avec le Cabinet de FLAHAUT.

Au lieu de me ranger à cet avertissement, j’ai choisi de tester les relations de la THOMSON-CSF avec le Cabinet FLAHAUT dans un deuxième dossier d’attribution. Il s’agissait cette fois de la modernisation des Chasseurs de Mines Tripartites (CMT). L’étude des critères de comparaison technique des offres m’avait fait apparaître que derrière une façade très compliquée, les différentes solutions présentées et donc les différents soumissionnaires n’étaient pas mis à égalité. En outre la Marine avait introduit des fournisseurs potentiels incapables de conduire tout projet industriel de cette nature. Mais aussi le principal fournisseur mondial d’un pays OTAN n’avait pas été consulté. Enfin, le design belge de la modernisation différait du modèle français pour un matériel analogue, en l’occurrence l’emploi de moins de personnel pour la configuration belge. Je décidai de poser les questions ad hoc au soumissionnaire et d’envoyer sur place un contrôleur des prix. Mon action dans ce dossier conduisit paradoxalement THOMSON-CSF à diminuer son offre de prix de plus de 1,2 milliards de francs , …pour un matériel ‘adapté’ plutôt qu’un matériel neuf,! Seul VERHULST avait été mis au courant de la double implication technique et financière de mes questions. L’exclusion de THOMSON-CSF pour dumping se précisait donc si et seulement si le secret de cette double implication était respecté par VERHULST. Mais une collusion entre les cabinets français du Ministre Alain RICHARD et belge du Ministre FLAHAUT apparu soudain. Entre mon avertissement à VERHULST et la décision du Ministre français, moins d’une journée ne s’est écoulée pour que je reçoive un fax de Paris stipulant que la France optait pour un design compatible avec le belge et prenait à son compte les coûts fixes de l’étude. La France autorisait ainsi THOMSON-CSF à une pratique de prix extrêmement bas. L’impossibilité d’avoir traité toutes les données techniques et financières nécessaires à une telle option était évidente dans un si court délai. Seuls un délit d’initié et une intimité flagrante entre Etat-Major et Cabinet belges permettaient de réaliser ce coup. Je décidai alors d’introduire à la signature du Ministre FLAHAUT un dossier de NON attribution, en vue de repartir sur des bases saines en 2000. Or, au lieu de ce faire, le dossier fut reconverti immédiatement par FLAHAUT en un accord international de coopération avec les Néerlandais
(!) par les soins de son cabinet (SEUTIN, MARSIA) et de la Marine (VERHULST). L’astuce est qu’ainsi l’affaire retournait à la THOMSON-CSF, sans plus passer par mon Service, via notre troisième partenaire, mais pour une configuration technique du triple du prix final annoncé par les Français pour la solution préférée par les Belges. A l’Etat-Major de la Marine personne ne releva cet aspect…

Pour M. DEPONTIERE responsable « stratégie » de la THOMSON-CSF Belgique (donc du recrutement de DEJARDIN), je devenais gênant. Or, DEJARDIN, ne s’était-il pas vanté, début 2000 entre plusieurs verres à la cafeteria de la THOMSON-CSF Belgique, de pouvoir faire « sauter VAESSEN ». Du moins c’est ce que vint me préciser le Lieutenant de Vaisseau Jacques BOLLEZ, un officier de mon personnel présent lors de ces dires.

Devant ses difficultés à régulariser ses 30 Millions de FB détournés sans éveiller les soupçons, BRAET, de plus en plus lié pour le pire à DEJARDIN, devait prendre la seule direction qui lui restait et qui lui était si aimablement indiquée par ses complices de l’Etat-Major Général et du Cabinet : créer puis dénoncer une affaire «VAESSEN » ...

D’ailleurs, tous comptes faits, tout le monde y gagne. Autant au Cabinet FLAHAUT qu’à la Marine où VERHULST fulmine d’avoir été pris la main dans le sac par un VAESSEN qui n’en n’est pas à son premier coup à son encontre, comme l’affaire Laurent de Belgique l’indique.



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